Conférence interministérielle
européenne
Du 14 au 16 décembre se réuniront
au Palais royal de Laeken, près de Bruxelles, les chefs
d'Etat et de gouvernement européens. Un an après
le sommet de Nice, dans un contexte de post-guerre en Afghanistan,
après le sommet de l'OMC de Doha (Qatar) et juste avant
le forum de Porto Alegre de janvier 2002, ce sommet européen
sera sans conteste le rendez-vous de tous les partisans d'une
autre Europe et d'une autre mondialisation.
La présidence belge aurait dû être
de la simple routine. C'est en effet pour la 11e fois depuis la
création de l'Union européenne que la Belgique a
en charge sa présidence. Ses priorités avaient été
d'ailleurs annoncées bien à l'avance, dès
le mois de mai, par le Premier ministre Guy Verhofstadt.
Au programme
Le Conseil européen de Laeken devra discuter
de l'avenir de l'Europe, de l'amélioration de la qualité
de l'emploi, de la promotion de l'égalité des chances
et de la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, de la
promotion d'une croissance économique durable et d'une
politique économique commune, de la création d'un
espace européen de liberté, de sécurité
et de justice, de la promotion du développement durable
et de la qualité de vie, et enfin de l'élargissement
et du renforcement de la politique étrangère de
l'Union européenne.
Mais la situation internationale, notamment la guerre en Afghanistan
et la récession économique mondiale, risque d'éclipser
ce bel ordonnancement. L'Union européenne est prise dans
une crise d'identité et de légitimité démocratique.
De plus, elle montre son incapacité à lutter contre
les restructurations et les fermetures d'entreprises - la banqueroute
de la compagnie aérienne Sabena en est d'ailleurs un tragique
exemple. Dominée par le marché, l'UE poursuit inlassablement
les libéralisations des services publics (transports, poste,
énergie) au mépris des besoins sociaux. De plus,
au sommet de Liège, les ministres de l'Economie et des
Finances ont rejeté le principe d'une taxe Tobin comme
la fermeture des paradis fiscaux. Enfin, l'Europe n'a pas pu -
ou pas voulu - dans la crise afghane, imposer une autre solution
que celle des bombardements étatsuniens. Ce sommet européen
de Bruxelles, le dernier avant l'instauration de l'euro, sera,
à n'en pas douter, au coeur de toutes les contestations.
Une autre Europe
Au départ disparate, le mouvement contre
l'Europe libérale s'est finalement unifié. Mi-novembre,
un accord est intervenu entre les composantes de D14 (regroupant
principalement la "petite gauche" - ), les ONG et les
groupes Attac pour constituer le réseau "Une autre
Europe pour un autre monde". C'est donc dans l'unité
que les mobilisations et les actions auront lieu du 7 au 15 décembre.
Durant cette semaine s'enchaîneront meetings, manifestations,
"street party", concerts, etc., avec en point d'orgue
la manifestation internationale du vendredi 14 décembre,
de Bruxelles vers le Palais royal de Laeken (1). Plusieurs dizaines
de milliers de personnes sont attendues dans la capitale belge.
Parmi la multitude de rendez-vous, notez le meeting
des représentants de la gauche radicale européenne,
le jeudi 13 décembre, à 18h30, à l'université
Saint-Louis de Bruxelles (2) à l'initiative du Parti ouvrier
socialiste (section belge de la Quatrième Internationale).
En marge des mobilisations, la gauche anticapitaliste européenne
organise, après celle de Lisbonne et celle de Paris, sa
3e conférence en présence de délégués
originaires d'une douzaine de pays d'Europe.
La seule ombre au tableau est la division entre
le mouvement social et politique et le mouvement syndical - la
Confédération européenne des syndicats ayant
décidé de mobiliser ses adhérents la veille
du sommet de Laeken, le 13 décembre (3).
1. Manifestation de Bruxelles à Laeken: départ
à 11 heures du Petit Château, boulevard du 9e de
Ligne à Bruxelles; arrivée vers 15 heures, parc
Stuyvenbergh, à Laeken, en face du Palais royal.
2. Faculté Saint-Louis, 43, boulevard du Jardin botanique
(M° Botanique ou Place Rogier).
3. Euromanifestation syndicale de Bruxelles: départ à
10 heures, avenue Bockstael à Laeken; arrivée au
stade du Roi Baudouin (Heysel).
Patrick Auzende, Rouge
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