Sommaire
1ère partie : La mondialisation, l'économie, la
société et la coopération internationale
I - Mondialisation et commerce international
A. La libéralisation du commerce international
B. La transformation du commerce international
II - La mondialisation et la société française
A. Mondialisation, inégalités, emploi
B. Mondialisation et identité culturelle
C. La mondialisation et le rôle de l'Etat
III - Mondialisation et coopération internationale dans
le domaine commercial
A. Quel système institutionnel pour la mondialisation ?
B. Quelle hiérarchie des règles de droit international
?
C. Un renforcement de la coopération entre institutions
internationales
D. Une conception " large " de la négociation
commerciale multilatérale
2ème partie : Une négociation différente
des précédentes
I - L'environnement du système commercial
A. Instabilité financière et ouverture économique
B. Déséquilibres et conflits commerciaux ; les difficultés
transatlantiques
C. Le développement des ensembles régionaux
D. L'intégration des pays en développement dans
le système commercial
II - Le contenu du débat commercial
A. Les sujets traditionnels de négociation
B. Les droits de douane industriels
C. L'agriculture
D. Les services et la diversité culturelle
E. La propriété intellectuelle
F. L'inscription de nouveaux sujets à l'ordre du jour des
négociations
1. L'investissement
2. La concurrence
3. L'environnement et les questions de santé publique
4. Les normes sociales
III - La réforme de l'OMC
A. Une structure plus étoffée
B. Des procédures plus transparentes
C. Conforter la légitimité de l'Organe de règlement
des différends
3ème partie : Eléments pour une approche française
et européenne
I - La France a trois raisons d'aborder les prochain cycle dans
un esprit positif
II - Un ordre du jour large et ambitieux
III - Un format de négociations adapté
Annexe : liste des personnes rencontrées
Avant-propos
Au cours des dernières décennies, le développement
du commerce international a contribué à la croissance
économique globale. Dans ce processus, les cycles successifs
de négociations multilatérales ont joué un
rôle moteur.
Mais l'interdépendance économique atteint aujourd'hui
une dimension nouvelle. Au delà des flux commerciaux, elle
s'exprime également par les mouvements de capitaux, de
personnes et, surtout, d'informations et d'idées.
C'est dans ce contexte qu'il faut apprécier l'opportunité,
la forme et le contenu d'une nouvelle négociation commerciale
multilatérale. La mondialisation peut apparaître
à nos concitoyens tout à la fois pleine d'opportunités
et source de vives inquiétudes. La négociation doit
permettre d'exploiter les premières et d'apaiser les secondes
en traitant des sujets qui préoccupent les citoyens. Pour
cela, il est nécessaire, au delà du cercle des négociateurs
et des professions concernées, que toute la société
civile puisse participer. Tel est l'objet de la consultation à
laquelle le Premier Ministre nous a demandé de procéder,
et qui a donné lieu à ce rapport.
Il est aujourd'hui acquis qu'un nouveau cycle de négociations
commerciales multilatérales sera lancé en décembre
1999 lors de la conférence ministérielle de l'OMC,
à Seattle. A ce jour, l'ordre du jour des négociations
n'est pas défini. Ce sont les 134 pays membres de l'OMC
qui en décideront en arrêtant ensemble le calendrier,
le contenu et le format du futur cycle.
Il est hors de question que la France puisse se désintéresser
de cette négociation. Elle y sera présente au travers
de l'Union européenne qui négociera au nom des Quinze.
Et son rôle direct ou indirect peut être important
non seulement pour les intérêts français mais
aussi pour la recherche d'un équilibre entre les différentes
parties du monde en tenant compte notamment des pays en voie de
développement. Un désengagement de la France et
de l'Europe risquerait de laisser le champ libre à d'autres
influences, ne serait-ce que celle des Etats-Unis d'Amérique.
Dans cette perspective, la France doit définir avec les
autres pays de l'Union Européenne, les bases du mandat
de négociation qu'elle entend confier à la Commission
qui représentera les intérêts européens
à l'OMC au nom des Etats membres.
C'est naturellement au Gouvernement qu'il appartient de définir
la position française. Sur la base des consultations que
nous avons conduites, ce rapport a pour but d'identifier les principaux
enjeux, pour l'économie et la société françaises,
de ces négociations. Il s'organise en trois parties : une
discussion générale des effets de la mondialisation
économique et de ses conséquences sur l'environnement
de la négociation ; un examen des principaux enjeux ; enfin,
la présentation des éléments d'une approche
française et européenne de la négociation.
[...]
Conclusion
Les prochaines négociations commerciales multilatérales,
dans le cadre de l'OMC, s'inscrivent dans un long processus qui
vise à réaliser le développement et la croissance
par la libéralisation des échanges entre tous les
pays et par l'ouverture vers l'extérieur des économies
nationales.
Certains redoutent cette ouverture au point de chercher à
la ralentir, voire à la bloquer. Le rapport qui précède
ne s'inscrit pas dans cette démarche non seulement parce
qu'il ne semble pas souhaitable de revenir à des attitudes
fermées ou protectionnistes, mais encore parce que ce refus
semble techniquement illusoire et finalement impossible.
Par contre ce rapport a cherché à analyser de façon
réaliste les données des problèmes afin de
dégager les conditions qui doivent être satisfaites
pour que la libéralisation se fasse en tenant compte des
aspirations des populations.
Réaliser cet équilibre a toujours été
difficile. Mais aujourd'hui, le défi est plus aigu que
jamais. La mondialisation imprègne l'ensemble de la vie
économique et sociale. Elle paraît, à travers
l'affaiblissement des instruments traditionnels d'intervention,
mettre en cause la capacité des Etats à définir
et à maîtriser leur destin.
D'où un changement d'attitude vis à vis des organisations
internationales. A tort ou à raison, celles-ci sont de
plus en plus perçues par la société civile
comme le lieu du débat politique, là où se
discutent et se tranchent les grandes questions de l'avenir. Ces
institutions suscitent donc à la fois beaucoup d'espoirs,
d'appréhensions, et de rejets, alors même que leur
légitimité et leur capacité d'action restent
étroitement liées à celles des Etats qui
les composent.
L'OMC n'échappe pas à cette ambiguïté.
Héritière de la tradition libre-échangiste,
elle est aussi devenue, par la force de son mécanisme de
règlement des différends, une machine à produire
des normes et des règles de droit international. Les limites
s'effacent parfois entre le champ de la négociation et
celui de la jurisprudence. L'OMC suscite ainsi, selon les perspectives
des uns et des autres, des craintes ou des espoirs sans doute
excessifs. Car elle reste, avant tout, l'expression de la volonté
de ses membres, dont l'histoire la plus récente montre
qu'elle s'exprime difficilement de manière cohérente.
Il dépend donc de la future négociation que l'OMC
assume ou non un rôle important dans la conduite de la mondialisation.
Ce rapport défend, à cet égard, une approche
ambitieuse mais réaliste. Il s'éloigne de la vision
réductrice que certains voudraient imposer, à travers
un ordre du jour étroit et limité aux seules questions
d'accès aux marchés. Il est important que les négociateurs
se penchent sur le système commercial lui-même, son
fonctionnement, sa configuration, son évolution, et son
impact sur l'équilibre de nos sociétés. En
même temps, il serait dangereux de croire que l'OMC peut
tout régler. Son mandat est de libéraliser les échanges,
pas de définir les normes de la coopération internationale
dans des domaines aussi variés que l'environnement, les
régimes sociaux, voire les politiques de la concurrence.
C'est seulement quand des accords auront été conclus
ailleurs dans ces divers domaines qu'il sera possible d'en tirer
les conséquences pour les politiques commerciales.
Quant aux Etats, leur rôle reste essentiel. C'est eux qui
doivent assurer la tâche de veiller à l'harmonie
de l'ensemble.
Pour l'heure, les Etats, principaux décideurs pour définir
le cadre dans lequel la vie économique va se développer,
ont la lourde responsabilité de surmonter leurs divergences,
de coordonner leurs efforts, et de prendre des décisions.
La question qui leur est posée est finalement de savoir
comment libéraliser les échanges internationaux
selon des règles qui s'appliquent à tous, tout en
tenant compte de la diversité du monde.
Ce faisant ils doivent arbitrer entre les multiples intérêts
divergents qui traversent leurs sociétés, entre
le court et le long terme, entre le développement économique,
et la prise en compte de points de vue très variés
(santé, environnement, protection sociale, diversité
culturelle,
). Bien évidemment ceci implique que les
Etats soient à l'écoute des représentants
de la population : parlementaires, syndicats, associations, organisations
professionnelles
Dans ce contexte, la France a non seulement ses intérêts
à défendre. Avec l'aide de ses quatorze partenaires
au sein de l'Union européenne, elle peut aussi favoriser
un meilleur équilibre entre les différents parties
du monde, en renforçant l'Europe face aux Etats-Unis, en
aidant les pays en développement à trouver leur
place, en soutenant les pays émergents, bref en ayant un
rôle ouvert, dynamique et généreux dans un
monde commercial de plus en plus divers et multipolaire. Elle
ne peut réussir seule. Mais la France peut contribuer à
instaurer un climat de confiance au sein de l'OMC, et promouvoir
cette mondialisation à visage humain qui est aujourd'hui
nécessaire.
Juillet 1999
Catherine LALUMIÈRE
Députée européenne
Jean-Pierre LANDAU
Inspecteur général des Finances
Rapporteurs : Emmanuel GLIMET,
Conseiller référendaire à la Cour des Comptes
Olivier BAJALUNA,
Chargé de mission au Parlement européen
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