Cameroun : ajustement structurel contre développement
Julienne Tsangueu-Seppou est présidente du comité
de gestion de Gender Lenses, une ONG camerounaise "pour
le développement et le renforcement des capacités
en Afrique". Elle est par ailleurs l'une des fondatrices
de cette ONG. Cette association, qui existe depuis 1997, utilise
l'approche "genre" (homme / femme) et a pour but principal
d'améliorer la circulation de l'information sur cette
problématique auprès de la population.
Julienne Tsangueu-Seppou témoigne de ce qu'elle a pu
observer depuis que le Cameroun a fait l'objet de Programmes
d'ajustement structurel, en 1989.
PAS & femmes
Julienne Tsangueu-Seppou répugne à parler des
femmes en tant que groupe bien distinct au sein de la société,
mais les "PAS" (Plans d'ajustement structurel) ont
des conséquences spécifiques sur elles : beaucoup
ont perdu leur emploi, notamment des fonctionnaires ou des cadres,
car elles sont les premières à être licenciées.
Julienne Tsangueu-Seppou rapporte également l'anecdote
de ces femmes cadres contraintes à vendre des cacahuètes
à leurs collègues de bureaux le temps des pauses
: ce deuxième travail leur permet de gagner un peu d'argent
pour boucler les fins de mois.
Mais Julienne Tsangueu-Seppou ne veut pas voir dans les femmes
des victimes. Ce sont principalement elles qui ont subi la crise,
mais elles en ont profité aussi pour faire la preuve
de leur autonomie et de leur débrouillardise. "Alors
qu'avant les femmes ne pouvaient pas travailler si leur mari
n'était pas d'accord, avec la crise les hommes ne peuvent
plus affirmer que les femmes ne sont pas capables".
Si les PAS ont renforcé les solidarités entre
les femmes, leurs conséquences se sont aussi faites ressentir
sur la cohésion de la cellule familiale. Auparavant,
les femmes étaient à la maison ou rentraient suffisamment
tôt pour s'occuper de leurs enfants ; aujourd'hui, ces
derniers sont souvent livrés à eux-mêmes.
PAS & éducation
Les conséquences des restrictions budgétaires
se sont fait sentir dans le domaine de l'éducation :
par la baisse des salaires bien sûr ("les professeurs
n'avaient plus les moyens de travailler correctement"),
mais également concernant les conditions de travail des
enfants ("Le ramassage scolaire a été supprimé").
Les filles ont été les plus touchées par
la dégradation de la qualité de l'enseignement,
ce que Julienne Tsangueu-Seppou explique par l'état des
mentalités dans son pays. Une fille n'est pas envoyée
systématiquement à l'école, puisque l'on
sait qu'une des possibilités pour elle de subvenir à
ses besoins est de se marier.
PAS & santé
Le secteur de la santé a été touché
par les mesures liées aux PAS, notamment par la réduction
des dépenses étatiques de santé mais aussi
par l'introduction d'un "ticket payant" pour les usagers.
C'est ce que prônent régulièrement les
IFI : une baisse des dépenses, accompagnée d'une
hausse des recettes.
Cela s'est traduit par un accès plus difficile aux soins
et une baisse de leur qualité. "La pharmacie parallèle
s'est développée, par exemple avec des médicaments
importés du Nigeria. Il y a un véritable problème
d'accès aux médicaments génériques,
parce que les intérêts des grandes firmes pharmaceutiques
sont en jeu".
Pour ce qui est des soins materno-infantiles, ils sont aussi
tributaires des diversités culturelles dont le Cameroun
est empreint. Ainsi, les femmes musulmanes ont plus tendance
que les autres à accoucher chez elles. Il semble cependant,
selon Julienne Tsangueu-Seppou, que depuis 1995 la population
ait en général repris le chemin de l'hôpital.
Alternatives de la société civile
Julienne Tsangueu-Seppou donne sa vision de ce que doit être
l'action menée conjointement avec les IFI qui se sont
érigées en championnes de la lutte contre la pauvreté.
Elle voit la lutte contre la pauvreté comme un processus
actif, elle ne veut pas entendre parler d'"aide",
mais d'échange, terme selon elle plus mobilisateur. Le
Nord veut imposer des critères de bonne gouvernance ?
"Commencez par geler les avoirs des gouvernants corrompus".
Le silence, voire la complicité des pays du Nord, ont
comme premières victimes les populations du Sud. D'accord,
donc, pour travailler dans le cadre des nouvelles stratégies
participatives proposées par les IFI. Mais désormais
la société civile camerounaise a l'intention de
mettre en avant ses propositions d'alternatives. "Aujourd'hui,
si j'avais un expert de la Banque mondiale en face de moi, je
saurais quoi lui répondre, je viendrais avec ma pile
de dossiers et j'aurais des choses à proposer".
Extrait de "Peuples en Marche" (revue diffusée
aux membres de Terre des Hommes, Frères des Hommes et
Peuples Solidaires), mai 2000. Propos recueillis par Fabien
Lefrançois & Virginie Tallio.
Les accords de Bretton Woods, signés en juillet 1944,
prévoient la création de deux institutions :
· le Fonds Monétaire International (F.M.I.) chargé
de veiller au respect des règles établies par
ces accords (1).
· la Banque Internationale pour la Reconstruction et
le Développement (BIRD) dont le rôle est de fournir
des prêts à moyen et long termes. Destinée
dans un premier temps à aider la reconstruction de l'Europe,
elle est aujourd'hui englobée dans ce que l'on appelle
la Banque Mondiale et a recentré la totalité de
ses activités vers les pays en développement.
1. Le Fonds Monétaire International (F.M.I.)
Aujourd'hui, le F.M.I. ne ressemble plus beaucoup à l'institution
créée lors de la conférence internationale
de Bretton Woods. Depuis 1944, il a dû s'adapter à
de nombreux bouleversements.
Tout d'abord, après 1971, le régime de changes
flottants ayant succédé au régime de parités
fixes (1), le F.M.I. a fait évoluer les règles
régissant les relations monétaires entre les pays
membres.
Ensuite, à partir des années 80, le problème
de la dette des pays du Sud menaçant l'équilibre
monétaire et financier international, le F.M.I. a dû
s'impliquer dans les difficultés des pays en développement.
En effet, si son rôle principal consiste toujours à
surveiller le fonctionnement et l'évolution du système
monétaire international, le F.M.I. fournit aussi des
apports financiers et techniques aux pays membres qui rencontrent
des déficits dans leurs échanges extérieurs.
Pourtant, son organisation et ses structures de fonctionnement
n'ont pas subi de transformations majeures. Ses statuts n'ont
été modifiés que deux fois en cinquante
ans. Le troisième amendement décidé en
1990 n'est toujours pas ratifié. En fait, les statuts
assignent toujours le même objectif au F.M.I. : promouvoir
un système monétaire favorable au développement
des échanges internationaux et permettant une croissance
saine et durable.
Désormais, avec l'adhésion des pays de l'Est,
le F.M.I., qui, dès son origine, a défendu les
principes et les mécanismes de l'économie de marché,
peut réellement se prévaloir d'être l'institution
d'un système monétaire mondial car il compte aujourd'hui
182 pays membres.
1.1. Comment fonctionne-t-il ?
Le F.M.I. est une institution rassemblant des Etats souverains
qui ont décidé de collaborer pour mieux maîtriser
l'évolution du système monétaire international.
A ce titre, les décisions et les principes défendus
par le Fonds sont avant tout ceux des Etats membres. Parmi eux,
ce sont les plus riches qui détiennent le vrai pouvoir.
Dans cette institution, le nombre de voix est proportionnel
aux ressources apportées qui dépendent elles-mêmes
du poids économique de chaque pays.
1.1.1. Les quote-parts et les voix
En adhérant au F.M.I., chaque pays membre verse une certaine
somme d'argent - sa quote-part - qui est en quelque sorte un
dépôt dans une coopérative de crédit
(2). Toute l'organisation et le fonctionnement du Fonds repose
sur ces quote-parts. Elles représentent en fait les ressources
que les Etats membres mettent à la disposition du Fonds.
Les quote-parts sont fixées en fonction de la puissance
économique. Autrement dit, en tenant compte de l'importance
du revenu national, des avoirs détenus dans les réserves
de change et du niveau des importations et des exportations.
Ce sont les quote-parts qui déterminent les droits de
vote, donc le pouvoir respectif des Etats membres. Afin de ne
pas désavantager démesurément certains
pays, cette proportionnalité a été quelque
peu atténuée : chaque pays dispose d'une voix
par 100 000 dollars de quote-part plus 250 voix. Cependant,
ce système implique une forte inégalité
de représentation en faveur des pays les plus riches
(3), communément justifiée par le caractère
financier de l'institution dans laquelle les membres les plus
importants, en mettant le plus de fonds à la disposition
du F.M.I., assument les plus grands risques.
1.1.2. Les structures internes du F.M.I.
Les instances décisionnaires
Le Conseil des Gouverneurs :
chaque pays désigne un gouverneur. Les gouverneurs se
réunissent une fois par an en Assemblée Générale.
Chaque représentant dispose d'un nombre de voix proportionnel
à sa quote-part. Les Etats-Unis disposent actuellement
de 17.53% des voix, le Japon de 6.29%, l'Allemagne de 6.15%,
la France de 5.08%, le Royaume-Uni de 5.08%, l'Arabie Saoudite
de 3,31%, la Russie de 2.82%, la Chine 2.22%. Son rôle
est de voter le budget, de se prononcer sur l'admission de nouveaux
membres. Les gouverneurs sont généralement les
ministres des Finances des pays qui peuvent ainsi faire connaître
la position de leur pays au sein du F.M.I.
Le Conseil d'Administration :
il est composé de 24 membres. Alors que 8 membres représentent
les pays (l'Arabie Saoudite, l'Allemagne, la France, les Etats-Unis,
le Royaume-Uni, le Japon, la Chine et la Russie) ayant la quote-part
la plus importante, 16 sont élus par des groupes de pays
formés dans le Conseil des gouverneurs. Le rôle
du C.A. est de gérer les affaires courantes du Fonds.
Il se réunit trois fois par semaine pour se prononcer
sur le type d'aide financière à mettre en place,
pour suivre l'évolution du S.M.I. et des pays aidés
par le Fonds ...
Le Directeur Général :
il est élu pour 5 ans par le C. A.. Il est le directeur
des 1 800 personnes de 100 nationalités différentes
travaillant au Fonds (essentiellement des économistes,
des statisticiens, des experts en fiscalité et finances
publiques). Il dirige le C.A. C'est traditionnellement un Européen
(4).
Les assemblées consultatives
Le Comité Intérimaire :
créé en 1974, il est composé de 22 membres
désignés par les gouvernements ; son rôle
consiste à donner des avis au Conseil des Gouverneurs
sur le fonctionnement du S.M.I.
Le Comité de Développement :
créé en 1974, il est chargé de donner des
avis sur les réformes du S.M.I. susceptibles d'aider
les pays en développement, notamment en matière
de transfert de ressources du Nord au Sud.
1.2. Quelles sont ses missions ?
Les statuts (article 1) du F.M.I. précisent qu'il est
chargé de :
1. Promouvoir la coopération monétaire internationale
au moyen d'une institution permanente fournissant un mécanisme
de consultation et de collaboration en ce qui concerne les problèmes
monétaires internationaux.
2. Faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce
international et contribuer ainsi à l'instauration et
au maintien de niveaux élevés d'emploi et de revenu
réel et au développement des ressources productives
de tous les Etats membres, objectifs premiers de la politique
économique.
3. Promouvoir la stabilité des changes, maintenir entre
les Etats membres des régimes de change ordonnés
et éviter les dépréciations concurrentielles
des changes.
4. Aider à établir un système multilatéral
de règlement des transactions courantes entre les Etats
membres et à éliminer les restrictions de change
qui entravent le développement du commerce mondial.
5. Donner confiance aux Etats membres en mettant les ressources
générales du Fonds temporairement à leur
disposition moyennant des garanties adéquates, leur fournissant
ainsi la possibilité de corriger les déséquilibres
de leurs balances des paiements sans recourir à des mesures
préjudiciables à la prospérité nationale
ou internationale.
6. Conformément à ce qui précède,
abréger la durée et réduire l'ampleur des
déséquilibres des balances des paiements des Etats
membres.
La Banque Mondiale (B.M.)
Le groupe de la Banque mondiale est constitué de la Banque
Internationale pour la Reconstruction et le Développement
(B.I.R.D.), la pièce maîtresse de l'édifice,
de l'Association Internationale pour le Développement
(A.I.D.), du Centre International pour le Règlement des
Différents relatifs aux Investissement (CIRDI) et de
deux filiales, la Société Financière Internationale
(S.F.I.) et l'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements
(A.M.G.I.).
Initialement créée pour aider à la reconstruction
de l'Europe ravagée par la guerre, un objectif finalement
relayé par le Plan Marshall, la B.I.R.D, intégrée
dans ce qu'on appelle la Banque Mondiale, a ensuite orienté
ses missions en faveur des pays en développement auxquels
elle consent prêts et assistance technique.
2.1. Quelle est la répartition des attributions à
l'intérieur du groupe ?
· La B.I.R.D : fournit des prêts et une aide au
développement aux pays à revenu intermédiaire
et aux pays pauvres solvables. Le nombre de voix attribuées
à chaque Etat membre dépend du montant de ses
souscriptions au capital de la B.I.R.D., ce montant étant
lui-même fonction du poids relatif du pays dans l'économie
mondiale. La B.I.R.D. tire l'essentiel de ses fonds de la vente
d'obligations sur les marchés financiers internationaux.
· L'A.I.D. : consent aux pays les plus pauvres des prêts
ne portant pas intérêt. L'A.I.D. tire la majeure
partie de ses ressources financières des contributions
versées par les Etats membres les plus riches - dont
certains pays en développement. Elle s'emploie à
promouvoir la croissance des pays en développement en
appuyant le secteur privé.
· La S.F.I. : en collaboration avec d'autres investisseurs,
finance des entreprises commerciales par l'octroi de prêts
et la prise de participations.
· L'A.M.G.I. : contribue à encourager l'investissement
étranger dans les pays en développement en assurant
les investisseurs étrangers contre les pertes occasionnées
par des risques non commerciaux. Elle fournit également
des services de conseil aux Etats pour les aider à attirer
l'investissement privé et diffuse des informations sur
les possibilités d'investissement dans les pays en développement.
· Le C.I.R.D.I : favorise l'investissement étranger
en facilitant le règlement, par voie de conciliation
et d'arbitrage, des différends entre les investisseurs
étrangers et les Etats d'accueil.
2.2. Comment fonctionne la B.I.R.D. ?
Pour faire partie de la B.I.R.D., un Etat doit auparavant avoir
été admis comme membre du F.M.I. et donc accepter
les règles de conduite fixées par ce dernier en
matière monétaire et d'accès aux informations.
Lors de son adhésion, le pays membre souscrit une fraction
du capital de la B.I.R.D., qui fonctionne donc d'abord comme
une sorte de coopérative de crédit à capital
variable dont les membres sont des Etats. Cette souscription,
qui dérive du quota affecté au pays par le F.M.I.,
est fonction de l'importance du pays dans l'économie
mondiale. Le nombre de droits de vote ou voix est quasi proportionnel
à cette souscription : 250 voix pour chaque pays, plus
une voix pour chaque part de capital souscrite - cela fait qu'il
y a un léger rééquilibrage en faveur des
petits pays (5). Chaque pays membre nomme un gouverneur et un
gouverneur suppléant. L'ensemble des gouverneurs forme
le Conseil des Gouverneurs. Les pouvoirs de la Banque sont dévolus
au Conseil des Gouverneurs qui peut en déléguer
une partie aux administrateurs. Ce qui relève exclusivement
des gouverneurs concerne l'admission de nouveaux membres, l'augmentation
du capital, l'interprétation des statuts, la conclusion
d'accords avec d'autres institutions internationales, la répartition
du revenu net annuel de la Banque.
Les administrateurs constituent le principal organe de direction
de la Banque et restent les représentants permanents
des pays membres. Cinq sont nommés par les principaux
souscripteurs (Etats-Unis, Japon, R.F.A., France et Royaume-Uni).
Seize sont élus pour deux ans par un groupe géographique
de pays. Chaque administrateur dispose en bloc du total des
voix qu'il réunit.
Les administrateurs nomment le président de la Banque
(6), qui dirige les services et le conseil d'administration.
2.3. Quelles sont les missions et les ressources de la B.M.
?
L'objectif quasi exclusif de la Banque mondiale est de promouvoir
le développement économique des P.E.D. membres
par l'apport d'une aide financière et technique destinée
à des projets d'investissement spécifiques bénéficiant
de la garantie de l'Etat membre concerné.
La Banque mondiale mobilise au moindre coût les ressources
nécessaires au développement en empruntant sur
les marchés financiers internationaux et, dans le cas
de l'I.D.A., créée en 1960 pour les pays qui sont
trop pauvres pour emprunter aux taux du marché, en utilisant
les contributions versées par les Etats membres les plus
riches. La B.I.R.D., dont les opérations représentent
près des trois quarts du total des prêts accordés
par la Banque, se procure la majeure partie de ses ressources
sur les marchés financiers.
Lorsqu'ils adhèrent à la Banque, les Etats membres
souscrivent des parts du capital de la BIRD en fonction de leur
poids relatif dans l'économie mondiale, mais ils versent
moins de 5% de la valeur de ces parts. Ils n'auraient à
verser le reste, dit "capital appelable", que si la
Banque devait en avoir besoin pour s'acquitter de ses obligations,
ce qui ne s'est jamais produit. Ce capital de garantie ne peut
servir qu'à payer des titres de créances, et non
à couvrir des frais administratifs ou à financer
des prêts. Ses statuts imposent à la B.I.R.D. de
veiller à ce que le montant des prêts décaissés
non encore remboursés ne dépasse pas le montant
total de son capital et de ses réserves. La B.I.R.D.
n'a jamais subi de pertes sur les prêts qu'elle a consentis.
Comment Le F.M.I. et la B.M. agissent-ils ?
Les politiques d'ajustement préconisées par le
Fonds ont trois buts principaux, clairement affichés
par le Fonds : redresser rapidement la balances des comptes
courants, reconstituer les réserves de change et restaurer
la solvabilité externe du pays pour lui permettre de
redevenir un emprunteur crédible sur les marchés
financiers internationaux. Toutefois, toutes les actions du
F.M.I. montrent qu'il existe un objectif implicite : amener
ces pays à développer une économie de marché,
jugée supérieure à tous les autres types
d'organisation économique.
Si dans leurs recommandations, le F.M.I. et la Banque mondiale
se défendent d'obéir à des schémas
théoriques économiques préétablis,
l'examen des politiques économiques recommandées
par les deux institutions de Bretton Woods révèle
la très large place faites aux thèses économiques
classiques et néolibérales. Le principe fondamental
qui guide toute la pensée de ces institutions est en
effet que le marché est le régulateur optimum
des économies : c'est en renforçant son fonctionnement
que les pays en développement parviendront à surmonter
leurs problèmes.
3.1. La surveillance du système
La surveillance que doit exercer le Fonds concerne les politiques
de change et plus généralement les éléments
de politiques économiques des Etats membres qui ont une
influence sur le plan international. Le Fonds doit donc surveiller
l'Etat des balances des paiements, des réserves de change,
les choix faits en matière de politique monétaire,
l'Etat des finances publiques ... Comme cette surveillance touche
à tous les éléments de la politique économique,
on dit souvent que le pouvoir de contrôle du Fonds sur
les politiques menées par les pays membres a été
renforcée.
De ce fait, le Fonds est en mesure de faire des bilans semestriels
des "perspectives de l'économie mondiale".
Ces rapports sont très attendus par la communauté
internationale. Ils fournissent des prévisions à
court et moyen termes sur l'évolution de l'économie
mondiale et rendent compte des politiques économiques
de tous les pays membres. Si les choix de politique économique
faits par un pays membre se révèlent nuisibles
à l'équilibre monétaire et financier international,
le F.M.I. en discute avec le pays membre et le conseille dans
les mesures de correction à mettre en uvre, sans
qu'il y ait nécessairement un pouvoir de contrainte.
En effet, si le pays incriminé n'a pas besoin de faire
appel à l'assistance financière du Fonds, le F.M.I.
n'a pas les moyens de le "forcer" à se réformer.
3.2. L'aide aux pays connaissant des difficultés de
balance des paiements
Si un pays membre rencontre des difficultés de balance
de paiements, il peut solliciter l'aide du F.M.I. Ce sont les
quote-parts qui déterminent le montant des aides que
le Fonds peut accorder. Par conséquent, plus la quote-part
d'un pays est importante, plus il pourra obtenir d'aide. Deux
modalités existent :
· utilisation de la tranche de réserve (25% de
la quote-part versée). Cette modalité est inconditionnelle,
librement utilisable et sans frais de commission,
· tirage dans les tranches de crédit soumis à
conditionnalité. Dans ce cas, le pays demandeur doit
envoyer une "lettre d'intention" dans laquelle il
précise quelles mesures il compte prendre pour redresser
sa situation extérieure. Le programme et les objectifs
de politiques économiques sont fixés en collaboration
avec les experts du Fonds. Ce dernier envoie ensuite un accord
stand-by (accord de confirmation) qui confirme l'acceptation
du F.M.I. sur le programme économique, le montant de
l'aide financière, l'échelonnement des tirages,
la date des consultations entre le F.M.I. et le pays pour faire
le suivi des résultats obtenus.
La conditionnalité, c'est-à-dire l'engagement
du pays à respecter les objectifs de politiques économiques
(réduction du déficit extérieur, diminution
de l'endettement public...) est l'une des pierres angulaires
des négociations entre les pays emprunteurs et le F.M.I.
C'est elle qui permet de dire que le F.M.I. a un certain pouvoir
d'ingérence dans la conduite des politiques économiques
des pays qui ont signé un accord.
Les pays en développement (P.E.D.). Plus on les aide,
plus ils sont pauvres !
Les relations financières entre le F.M.I. et les pays
du Sud ne datent pas de la crise de la dette du début
des années 80. Néanmoins, avant 1978, les concours
financiers du Fonds étaient plus tournés vers
les pays industrialisés que vers les pays en développement
Toutefois, les premiers avaient surtout recours à des
tirages dans leur tranche de réserve alors que les P.E.D.,
compte tenu de la faiblesse de leurs quote-parts, étaient
obligés de faire des tirages dans leur tranche de crédit
et par conséquent de se soumettre au programme d'austérité
et de stabilisation du Fonds en signant des accords de confirmation.
Ainsi, de 1953 à 1970, 90% des accords de confirmation
ont été conclus avec des pays en développement.
Jusqu'à la crise pétrolière, les déséquilibres
des balances des paiements des P.E.D. n'étaient pas dramatiques.
Malgré les difficultés inhérentes aux plans
de stabilisation imposés par le Fonds, les P.E.D. parvenaient
pour la plupart, à retrouver assez vite une position
satisfaisante de leur compte extérieur. Après
le second choc pétrolier, la situation des P.E.D. se
dégrade fortement : en acceptant des offres de prêts
des grandes banques internationales qui cherchent à placer
les fonds confiés par les producteurs de pétrole,
ils se sont fortement endettés. Lorsque, au début
des années 80, à la suite des politiques monétaires
restrictives menées dans les pays industrialisés,
et particulièrement des Etats Unis, le dollar s'envole
et les taux d'intérêt grimpent au dessus de 10%,
les P.E.D. ne peuvent plus faire face au remboursement de leurs
dettes.
Le F.M.I. intervient alors dans l'urgence : en aidant les P.E.D.
à rembourser leurs dettes privées, il se substitue
aux banques commerciales.
3.3. L'ajustement : mode d'emploi
Alors que le concept d'ajustement (7) est entré dans
le vocabulaire du Fonds et de la Banque mondiale au milieu des
années 70, c'est surtout depuis 1980 que la plupart des
prêts accordés par le Fonds et la Banque mondiale
sont conditionnés par la mise en place de politiques
économiques dites d'ajustement structurel. L'ajustement
revêt deux formes distinctes de politiques économiques.
La première modalité, qui relève du F.M.I.
et s'opère avec le concours de crédits de courte
durée, vise tout d'abord à "stabiliser"
des économies qui connaissent de profonds déséquilibres
caractérisés par des déficits extérieurs
et intérieurs importants, des taux d'inflation élevés
et une incapacité à rembourser ses dettes. La
seconde modalité, qui relève des différentes
composantes de la Banque Mondiale, concerne les réformes
structurelles à moyen et long terme visant à pousser
les P.E.D. à restructurer en profondeur leurs économies
de façon à les rendre plus efficaces et mieux
intégrées à l'économie mondiale.
Toutefois, cette distinction entre la mission du F.M.I. se
préoccupant plus de la stabilisation à court terme
et celle de la Banque Mondiale plus spécialisée
dans la restructuration à moyen et long termes est devenue
floue dès le milieu des années 80. En effet, afin
d'accroître l'efficacité des politiques de "stabilisation",
le F.M.I. estime nécessaire de les accompagner de mesures
relatives aux structures économiques. En conséquence,
le Fonds tend à introduire de telles mesures (privatisations
d'entreprises publiques, ...) dans la conditionnalité
de ces prêts. De son côté, la Banque mondiale
souhaite accroître l'efficacité de ses soutiens
financiers et techniques aux projets de développement
en les inscrivant dans un environnement macro-économique
"stable". De ce fait, elle a développé
une nouvelle forme d'aide assez proche de celle accordée
par les "prêts à l'ajustement"
du F.M.I.
Cette double évolution renforce la collaboration entre
les deux institutions et se traduit par un "document
cadre de politique économique" et un suivi
conjoint des politiques d'ajustement des pays. Leurs attributions
respectives paraissent donc plus confuses et une redéfinition
des rôles paraît donc nécessaire. A l'avenir,
l'ajustement structurel reviendrait entièrement au FMI,
à court et moyen termes, tandis que la Banque retrouverait
son ancienne spécialisation sur le financement de projets,
à laquelle s'ajouteraient les nouveaux aspects de l'aide
au développement (écologiques, sociaux, politiques).
3.3.1. Le contenu des politiques d'ajustement
Dans le cadre des politiques de "stabilisation",
le F.M.I. recommande fermement l'utilisation, souvent combinée,
de trois instruments de politique économique :une politique
du commerce extérieur avec un recours quasi systématique
à la dévaluation de la monnaie nationale et la
libéralisation progressive des échanges extérieurs
; une politique budgétaire stricte destinée à
diminuer les déficits publics et enfin, une politique
monétaire restrictive.
Ainsi, dans la plupart des pays où il intervient, le
Fonds estime que les monnaies sont surévaluées.
Alors que, pour se protéger, de nombreux pays en développement
vivent sous un régime de contrôle des changes,
le F.M.I. estime que le meilleur moyen pour un pays de renforcer
sa puissance économique est de s'ouvrir le plus possible
sur l'extérieur. Le plus souvent, cette politique d'ouverture
sur l'extérieur et de mise en place d'un taux de change
compétitif s'accompagne de mesures tendant à réduire
la demande intérieure : cela passe par une politique
budgétaire restrictive et un contrôle de la création
monétaire.
La réduction des déficits publics peut prendre
la forme d'une augmentation des recettes fiscales avec, par
exemple, l'introduction de la TVA (Taxe à la Valeur Ajoutée
: impôt sur la consommation). Dans de nombreux programmes,
les salaires des fonctionnaires sont bloqués et leur
recrutement arrêté. Ainsi, en août 1992,
dans le cadre d'un accord élargi, le Venezuela a décidé
de supprimer 30 000 emplois d'Etat et de geler les salaires
des fonctionnaires en 1993.
Les mesures de politique monétaire ont le même
objectif : contracter la demande intérieure en réduisant
la masse de crédit disponible et en tentant de réorienter
ces crédits vers les entreprises privées ... L'objectif
est triple : tout d'abord, il faut réduire un des facteurs
de l'inflation ; ensuite, il s'agit de participer au ralentissement
de l'activité économique par la réduction
des crédits à l'économie et, enfin, il
convient de rehausser le niveau des taux d'intérêt
pour qu'ils deviennent positifs. Non seulement, le relèvement
des taux d'intérêt a pour but de rendre le pays
plus attractif pour les investisseurs étrangers, mais
aussi de favoriser l'épargne intérieure au détriment
de la consommation. Cette politique très restrictive
a été mise en place en Egypte et a amené
des taux directeurs de l'ordre de 18 à 20%. Il est clair
que de tels taux ont un effet direct négatif sur l'activité
et sur la consommation.
L'autre pan des programmes concerne des mesures à caractère
plus institutionnel dont le but est de favoriser l'économie
de marché surtout par le biais des privatisations du
secteur public et d'une réforme du système bancaire.
Les entreprises publiques sont donc la cible privilégiée
des deux institutions. D'un côté, la Banque mondiale
conditionne ses prêts à des plans de privatisation.
De l'autre, quelques lettres d'intention conçues avec
le F.M.I., notamment au Mali en 1987, contenaient également
des clauses liées aux privatisations (non obligatoires
mais fortement recommandées !). En fait, quand il ne
s'agit pas purement et simplement de les fermer comme cela a
été demandé dans certains pays d'Afrique,
les deux institutions recommandent fermement de privatiser les
entreprises publiques ou de réduire le montant des subventions
de fonctionnement
3.3.2 - Les conséquences des politiques d'ajustement
Les conséquences sociales des plans d'austérité
du F.M.I. sont inévitables. La nature même de ces
politiques est de restreindre la demande intérieure,
donc de peser sur le pouvoir d'achat. Les mouvements sociaux
ont été très vifs en Tunisie en 1989, lorsque
le gouvernement a décidé de supprimer les subventions
alimentaires qui permettaient de maintenir le prix du pain à
un niveau abordable par toute la population. Ce furent les fameuses
émeutes du pain. Il en fût de même au Venezuela
en 1989 lorsque le gouvernement a annoncé l'augmentation
brutale du prix de l'essence. Les manifestations de Caracas
avaient alors fait plus de quatre-vingts morts.
Dans de nombreux pays soumis aux politiques d'ajustement, même
lorsque apparemment l'ajustement "réussit",
il se réalise souvent au prix d'une aggravation de la
pauvreté et des inégalités. Ainsi, le Mexique,
souvent présenté comme l'un des "bons
élèves" du F.M.I., a vu le pourcentage
de pauvres reculer pendant la période 1963-1981 de 77,5%
de la population à 48,5% de la population. A la suite
de la crise de la dette et des mesures d'austérité
adoptées, la pauvreté touchait 59% de la population
en 1989. Les inégalités sociales se sont également
accrues. les couches sociales favorisées ont généralement
profité de l'ajustement. Ainsi, toujours au Mexique,
les 10% les plus riches de la population ont vu leur part dans
le revenu national passer de 32 à 38% alors que les 40%
les plus pauvres voyait leur part décroître de
14,4% à 12,8%.
Il arrive que les politiques d'ajustement soient accompagnés
de taux de croissance assez forts sans que pour autant les inégalités
soient réduites. Ainsi, au Venezuela le taux de croissance
était en 1992 de 9,2% par an, soit un des plus élevés
au monde. La même année, la population de ce pays
voyait son pouvoir d'achat diminuer de 37%. Alors que le Chili,
un autre "bon élève", bénéficie
d'un taux de croissance annuel du PNB de 10% depuis cinq ans,
la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté
représente 40% de la population.
Ces politiques d'ajustement ne sont pas non plus sans conséquences
sur l'environnement. Susan George, dans son livre l'effet boomerang,
paru en 1992, en donne quelques exemples éclairants.
Dans certains pays comme le Brésil ou la Côte d'Ivoire,
la nécessité de rembourser une dette de plus en
plus colossale a conduit les autorités à accepter
une surexploitation des ressources naturelles exportables. L'auteur
note que parmi les vingt-cinq pays ayant eu accès à
la facilité élargie de crédit, dont la
conditionnalité est particulièrement forte, douze
étaient fortement destructeurs de forêts : le Brésil,
la Côte d'Ivoire, le Gabon, l'Inde ...
En guise de conclusion ...
Laissons la parole à Joseph Stiglitz (8) qui se dit "atterré,
horrifié" par les pratiques du F.M.I.
"Lorsque le F.M.I. décide d'aider un pays, il envoie
sur place une " mission " d'économistes. Souvent
il leur manque une connaissance approfondie de ce pays. Ils
sont plus susceptibles de connaître par expérience
les hôtels 5 étoiles du pays en question que les
villages dispersés dans sa campagne. Ils travaillent
dur, plongés dans les chiffres jusqu'à tard dans
la nuit. Mais c'est une tâche qu'il leur est impossible
d'accomplir. En quelques jours ou, au mieux, en quelques semaines,
ils sont chargés de mettre en place un programme cohérent,
en accord avec les besoins du pays. Inutile de dire que l'étude
de quelques chiffres ne donne que rarement une idée précise
de la stratégie de développement applicable à
une nation entière. Plus grave encore, les chiffres ne
sont pas toujours traités d'une manière adéquate.
Les modèles utilisés par le F.M.I. sont souvent
imparfaits ou surannés. Ceux qui critiquent l'institution
l'accusent d'appliquer une approche de l'économie à
l'emporte-pièce et ils ont raison (9). On sait que les
équipes qui sont envoyées dans un pays esquissent
une ébauche de rapport avant d'aller sur le terrain.
Voici un regrettable incident dont j'ai entendu parlé
: les membres d'une équipe ont recopié une grande
partie du texte d'un rapport sur un pays et l'ont intégré
en bloc dans le texte s'appliquant à un autre pays. Ceci
aurait pu passé inaperçu mais la fonction "
rechercher et remplacer " de leur traitement de texte ne
fonctionnait pas correctement. Le nom du pays qui était
concerné à l'origine n'a alors pas été
remplacé à plusieurs reprises. Oupss !! [...]
Les experts [du F.M.I.] croient qu'ils sont plus brillants,
mieux éduqués, et moins concernés politiquement
que les économistes des pays qu'ils visitent. En réalité,
les meilleurs économistes de ces pays sont bien souvent
plus brillants et mieux éduqués que le "
staff " du F.M.I., qui est composé fréquemment
d'étudiants de troisième rang des universités
de première classe. (Croyez-moi : j'ai enseigné
à Oxford, au MIT, à Stanford, à Yale, à
Princeton et le F.M.I. n'a jamais réussi à recruter
aucun des meilleurs étudiants)."
Moi d'abord ! la dette avant la sang
"Mais les mauvaises politiques économiques sont
seulement le symptôme du vrai problème : le secret.
Des gens biens sont capables de faire des choses stupides lorsqu'ils
s'enferment, refusant les critiques et les avis. S'il y a une
chose que j'ai apprise en gouvernant, c'est que l'ouverture
est le plus essentiel dans ces royaumes où l'expertise
semble compter le plus". "En théorie, le F.M.I.
aide les institutions démocratiques des pays qu'il assiste.
En réalité, il sape le processus démocratique
en imposant ses politiques. Officiellement, bien sûr,
le F.M.I. " n'impose " rien. Il " négocie
" les conditions pour attribuer une aide".
Il conclut en posant, entre autres, la question suivante :
"Est-ce que l'Amérique - et le F.M.I. - impulsent
ces politiques parce que nous, ou eux, croient que ces politiques
aideront l'Asie de l'Est ou parce que nous croyons qu'elles
bénéficieront aux intérêts financiers
aux Etats-Unis et dans les autres pays industrialisés
?" et en disant "C'est ce que les manifestants autour
du F.M.I. tentaient de dire la semaine dernière. Bien
sûr, la rue n'est pas le meilleur endroit pour discuter
de ces questions très complexes . Certains protestataires
ne sont pas plus intéressés pour ouvrir le débat
que les officiels du F.M.I. ne le sont. Et tout ce que disent
les manifestants n'est pas vrai. Mais, si les gens à
qui nous avons confié de gérer l'économie
mondiale - au F.M.I. et au Département du Trésor
- ne commencent pas un dialogue et ne prennent pas leurs critiques
à cur, les choses continueront à aller très,
très mal."
Enfin, en ce qui concerne la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz
(8) écrit
"La Banque mondiale ne considère plus gouvernements
et marchés comme des substituts, mais comme des compléments"
(10) et l'autocritique de la B.M. souligne à elle seule
l'ampleur des dysfonctionnements. Fin 1996, le rapport du département
de l'évaluation des opérations a conclu que "la
Banque ne menait à bien que la moitié des évaluations
qu'elle devait réaliser sur l'effet de ses projets sur
la pauvreté" et que "40% environ des évaluations
réalisées ont montré que les projets examinés
ne satisfaisaient pas aux critères établis par
la Banque ou ne respectaient pas la politique relative à
la pauvreté qu'elle avait définie en 1991"
(11). Dans un discours du 6 octobre 1998 devant le conseil des
gouverneurs, James Wolfensohn (12) déclare : "Nous
avons appris que, lorsque nous demandons aux gouvernements de
prendre des mesures douloureuses pour mettre leur économie
en ordre, nous risquons de susciter des tensions terribles.
C'est la population qui souffre, pas le gouvernement. Quand
nous redressons les déséquilibres budgétaires,
nous devons savoir que des programmes qui permettent aux enfants
d'aller à l'école vont peut-être disparaître,
que des programmes de soins de santé pour les plus démunis
vont peut-être disparaître, que des petites et moyennes
entreprises, qui fournissent un revenu à leur propriétaire
et des emplois à beaucoup de gens, vont peut-être
se trouver à court de crédit et faire faillite."
Sources
· Le F.M.I. dans tous ses Etats - Olivier LAGADEC - HATIER-
Optique économie.
· 1988, Encyclopædia Universalis
· FMI-Banque Mondiale : l'indispensable réforme,
Jacques Adda, Alternatives Economiques, 06/95.
· Vers une redéfinition du rôle de la Banque
Mondiale, Christian Domptin, Alternatives Economiques, 09/95.
· Banque Mondiale : entre dire et faire, Mimi Kleiner,
Alternatives Economiques, 01/98
· Site web du F.M.I. : http://www.imf.org
· Site web de la B.M. : http://www.worldbank.org
Notes
1. Appel1 Voir le dossier relatif aux marchés des changes
(mars 2000 - http://www.local.attac.org/moselle/documents).
2. Appel2 Le montant des quote-part actuellement à la
disposition du Fonds représente environ 193 milliards
de dollars.
3. Appel3 Ce principe est opposé à celui qui règne
dans les organismes des Nations Unies où chaque pays
a une voix.
4. Appel4Après de nombreuses discussions Horst Köhler
a été nommé en remplacement de Michel Camdessus
démissionnaire depuis novembre 1999.
5. Appel5 En 1986, les Etats-Unis avaient souscrit 20,98 % du
capital et disposaient de 19,88 % des voix. La Gambie, avec
0,01 % des parts, disposait de 0,04 % des voix ... Les douze
pays de la C.E.E. disposaient de 29,94 % des voix. Avec le Canada
et le Japon, les Etats-Unis et les Douze disposaient de 58,89
% des voix.
6. Appel6 Forte de 181 pays membres, la Banque mondiale, est
présidée depuis juin 1995 par James Wolfensohn
(de nationalité américaine, comme tous ses prédécesseurs,
car la traditition veut qu'il soit ressortissant du principal
actionnaire).
7. Appel7 "Ajustement est le terme que les experts
du Fonds ont choisi pour signifier austérité.
Le diagnostic proposé, qui a au moins le mérite
de la simplicité, est que si les pays en développement
ne sont pas en mesure d'assurer le service de leur dette, c'est
qu'ils vivent au dessus de leurs moyens (et non que les taux
d'intérêt internationaux sont trop élevés,
que les termes de l'échange se sont dégradés,
ou encore que les banques auraient pu s'enquérir davantage
de l'usage de leurs prêts). En conséquence de quoi,
les dépenses de l'Etat doivent être réduites,
les salaires contrôlés, la monnaie dévaluée
et le coût du crédit renchéri. Ainsi, la
demande intérieure pourra être ramenée à
un niveau tel qu'un excédent de la balance commerciale
apparaîtra, de sorte que les dettes pourront être
remboursées. Que ces politiques aient creusé les
inégalités, fait reculer l'éducation et
la santé, dégradé les infrastructures,
pénalisé l'investissement productif et fait fuir
les capitaux n'est pas à proprement parler la préoccupation
principale du Fonds. Son rôle à lui est la sauvegarde
du système financier international, entendu au sens étroit
de la défense des intérêts des banques,
confrontées au risque de défaut de paiement de
la part d'Etats souverains autres que ceux dont les banques
sont originaires.", Jacques Adda, juin 1995.
8. Appel8 Joseph STIGLITZ est professeur d'économie à
Stanford. De 1997 à novembre 1999, il était économiste
en chef et vice-président de la Banque Mondiale, de 1993
à 1997, conseiller économique du président.
Dans un long article (5 pages), intitulé "What
I learned at the world economic crisis", publié
le 17 avril 2000 dans The New Republic http://thenewrepublic.com/041700/stiglitz041700.html,
il réalise une critique radicale des méthodes
utilisées et des politiques économiques "imposées"
par le F.M.I., notamment lors de la crise asiatique.
9. Appel9 Lorsque la crise a débuté, le F.M.I.
s'est contenté d'appliquer les politiques économiques
qui avaient été mises en uvre dans les années
80 dans les pays d'Amérique Latine. Une politique d'austérité
devait permettre de restaurer la confiance ! Cependant la situation
était totalement différente. Contrairement aux
pays d'Amérique Latine, les pays d'Asie dégageait
un excédent budgétaire et les taux d'inflation
étaient bas (environ 4 % en Corée). Qu'à
cela ne tienne, le F.M.I., leur imposa une politique budgétaire
stricte limitant les moyens des Etats pour investir dans l'éducation
et les infrastructures, une politique monétaire de rigueur
s'accompagnant d'une hausse des taux d'intérêt
et mettant encore plus en difficulté les entreprises
endettées. Ces politiques ont, selon lui, aggravé
la récession et plongé ces pays dans la dépression.
10. Appel10 in Courrier de la Planète, juillet-août
1997.
11. Appel11 Mimi Kleiner, Alternatives Economiques, janvier
98
12. Appel12James D. Wolfenshon, Washington, 6-10-99 - Discours
prononcé devant le conseil des gouverneurs - http://
www.worldbank.org
Fabienne Dourson, Anne-Marie Lory - Attac Moselle ; Mireille
Delaborde - Frères des Hommes
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Attac / Economie & Finance, Fonctionnement